LES PLUMES
Pièce jointe 108546
La construction de la plume
La kératine est le composant principal de la plume comme de nos ongles, il s'agit donc d'une
matière morte.
Les plumes se développent à partir de l'épiderme.
La base de chaque plume est déjà présente avant que le jeune oiseau ne naisse.
La matière des plumes et les pigments spécifiques sont déjà distribués dans cette première
phase du développement.
N'oublions toutefois pas que la plupart des jeunes de toutes les espèces naissent en portant
un duvet (sauf pour quelques rares exceptions).
Le plumage se développe dans les jours qui suivent la naissance à un rythme propre à chaque
espèces, parfois rapidement, parfois lentement, cela peut prendre plusieurs semaines, c'est selon.
Une fois son développement complet, la plume se ferme et va selon l'espèce et l'usure encourue
tomber et être remplacée une sur deux fois l'an.
Ce processus est bien connu des amateurs, il porte le nom de mue.
Structure de la plume
On recense plusieurs types de plumes chez les oiseaux, les plumes duveteuses ou duvet, les
semi plumes, les filoplumes, les vibrisses et les plumes de contour.
* (1) Duvet
Les oisillons de la plupart des espèces sont dotés de duvet à leur naissance.
Ces plumes duveteuses sont très douces et sont distribuées arbitrairement sur tout le corps.
Elles sont très diversifiées, elles n'ont pas de forme ni de rachis définis à demeure.
Leur tâche principale est d'assurer l'isolation de l'oiseau qui les porte.
Il n'est pas rare que les plumes duveteuses diffèrent au sein d'une même espèce.
Elles n'ont aucune influence ou alors peu, sur la couleur de l'oiseau quoique certains éleveurs
arrivent à reconnaître certaines mutations à la couleur du duvet !
Un certain duvet est qualifié de "poudreux" à cause du fait qu'il laisse échapper de la poudre
de kératine.
Cette poudre est surtout présente chez les Psittacidés et est utilisée par les oiseaux pour
nettoyer leur plumage et le garder imperméable.
* (2) Semi plumes
Les Semi plumes sont plus structurées que les plumes duveteuses, elles ont déjà un rachis
bien visible sur lequel on peut noter diverses barbes.
On n'y trouve toutefois pas de barbule ni de crochet permettant d'obtenir une plume de contour.
Les plumes de ce genre forment conjointement avec le duvet l'isolation due au plumage.
Elles n'ont-elles non plus guère d'influence sur la couleur propre à l'oiseau qui les porte.
* (3) Filoplumes
Les filoplumes sont faites d'un rachis et quelques barbes au sommet.
Elles sont très petites et se trouvent sous ou entre les plumes de contour chez la plupart
des espèces.
Il y a pourtant certaines espèces qui laissent apparaître ces plumes sur le plumage normal :
si c'est le cas, ces plumes se retrouvent le plus souvent sur l'arrière de la tête et sur le dessus,
mais alors dans une moindre mesure.
On les appelle en langue anglaise "Protruding filoplumes" ou "PF", cela n'a pas d'équivalent
en français.
Leur finalité n'est pas encore clairement définie dans l'esprit de beaucoup de chercheurs.
Une possible déclaration pourrait résider dans une liaison entre les follicules des plumes
avec les terminaisons nerveuses et serviraient de senseurs pouvant envoyer des informations
sur la situation des plumes durant le vol vers le cerveau.
Ce dernier recevrait ainsi des données sur l'aérodynamisme et la position des plumes de contour.
D'autres scientifiques voient chez certaines espèces une liaison avec le dimorphisme sexuel.
Ces plumes on clairement moins d'importance pour les aviculteurs spécialisés dans les couleurs
car elles ne jouent aucun rôle sur ce plan.
* (4) Vibrisses
Ces plumes sont le mieux décrites par "plumes en brosse".
Si celles-ci ont des barbes, ces dernières se trouvent toujours à la base de la plume.
On trouve habituellement les vibrisses autour du bec (exemple : la Bondrée apivore - Pernis apivorus)
que l'on rencontre chez nous et qui se nourrit comme son nom l'indique d'hyménoptères pour
l'essentiel et qui complète son menu par de petits reptiles et d'autres insectes.
Ces vibrisses autour du bec serviraient selon certains à protéger l'oiseau durant la capture
d'abeilles ou d'autres insectes dotés d'un dard.
D'autres y ajoutent un surplus de sens tactile.
* (5) Plumes de contour
Les plumes de contour sont celles qui déterminent la plus grande partie du phénotype de chaque
oiseau et c'est cela qui nous intéresse le plus, nous éleveurs !
Elles ont pratiquement toutes la même composition de base.
Pièce jointe 108547
Toutes les plumes de contour ont un périmètre déterminé et permanent et leur "épine dorsale"
est le rachis qui supporte deux vexillums.
La matière de base composant la plume est la kératine, nous l'avons vu plus haut.
Le vexillum est fait de barbes serrées qui sont implantées en deux rangées, à gauche et à
droite sur le rachis.
Chaque barbe supporte à son tour des barbules (radius) qui ont à leur tour des petits crochets.
L'ensemble des barbules et des crochets est appelé "radioli".
Le but principal de ces radiolis est d'agir un peu comme un velcro.
Certains d'entre-vous auront peut être déjà scruté une plume de plus près.
Ils auront remarqué que lorsqu'on dissocie les barbes entre elles, il n'est plus possible de
rétablir la disposition initiale.
Cela est dû à l'endommagement des barbules et des crochets.
Certaines plumes de contour peuvent pourtant différer d'espèce en espèce...
Songez un peu aux magnifiques plumes de la queue du Paon ou à celles de l'Autruche africaine.
Les barbes ne sont pas accrochées ensemble chez cette dernière et les plumes ont un aspect
plus volubile car on n'y trouve ni barbules ni crochets.
Il s'agit plutôt d'exceptions et la majorité des espèces rencontrées en aviculture ont des plumes "normales".
Les plumes de contour sont le réceptacle des pigments.
Les couleurs son typiques à chaque espèces et à chaque mutations.
Il est possible de diviser ensuite les plumes de contour selon leur forme.
C'est ainsi que l'on connaît les Rémiges, les Rectrices, les Tectrices, etc.
Bien que ces plumes se ressemblent apparemment extérieurement, les couleurs mises à part,
indépendamment qu'il s'agisse de rectrices, de rémiges ou de tectrices, elles peuvent être
divisées en trois types différents
1 Plumes de type structural.
2 Plumes de type général.
3 Plumes d'apparat.
* a) Plumage de type structural :
La majorité des plumes de type structural sont soit vertes ou bleues.
Nous rencontrons principalement ces plumes chez les Psittaciformes.
Ici aussi il y a des exceptions pour confirmer la règle, car le Diamant de Gould a des plumes
de ce type.
Si nous coupons la barbe d'une telle plume de couleur verte et que nous l'examinions au
microscope, il nous est permis d'apercevoir trois cercles différents.
La bague externe nommée "Cortex" contient un colorant jaune dans les plumes vertes de type
structural.
Le pigment jaune aperçu dans les plumes des Psittacidés s'appelle "Psittacine".
Chez les autres oiseaux exotiques nous rencontrons un caroténoïde jaune.
Il arrive que les deux pigments soient confondus mais, nous allons voir plus loin que ces deux
colorants sont totalement différents l'un de l'autre.
La zone concentrique suivante en allant vers l'intérieur s'appelle la zone spongieuse.
Il s'agit de kératine incolore faite d'une structure tubulaire très fine, un enchevêtrement de
canaux très étroits analogue à la structure d'une éponge.
La zone médiane nommée "Médulle" renferme des grains d'eumélanine noires et des "Vacuoles"
ou cellules médullaires.
Les grains d'eumélanine noire sont groupés autour des vacuoles.
Je vous entends déjà penser "comment est-ce possible ? - il nous parle d'une plume verte
et nulle part une trace de colorant vert dans le plumage ! ".
C'est pourtant vrai !
La question se pose alors de savoir comment il se fait qu'une plume verte...ou mieux : pourquoi
voyons nous une plume verte ?
La réponse se trouve dans la physique.
Comme nous ne l'ignorons pas, la lumière du jour (incolore) est une combinaison d'ondes
lumineuses de diverses couleurs.
Certains d'entre les amateurs pourront peut-être encore se remémorer les leçons de Physique
durant laquelle un rayon lumineux traversant un prisme, ce dernier "cassait" la lumière et
faisait apparaître le spectre lumineux nous montrant les couleurs qui le composent et qui
confondue donne la lumière "blanche".
Ce sont le rouge, l'orange, le jaune, le vert, le bleu; l'indigo et le violet.
S'y ajoutent encore deux couleurs non discernables par l'il humain, l'infrarouge et l'ultraviolet.
Toutes ces couleurs combinées donnent donc la lumière du jour, chaque couleur ayant évidemment
sa longueur d'ondes différentes des autres.
Que se passe t'il dans le cas d'une plume "verte" du type structural ?
Eh bien, la lumière éclaire les barbes de la plume où elle est partiellement absorbée par les
graines d'eumélanine dans le noyau de chaque barbe.
Une réflexion s'opère dans la zone spongieuse au travers des vacuoles et cela crée une lumière
blanche.
On supposait auparavant que cela se produisait suite à "l'effet Tyndall", mais cette croyance est démodée.
Nous savons maintenant que cette couleur bleue existant dans la zone spongieuse est la résultante
d'une interférence.
Cette théorie due à Ian Dyck, un physicien danois a été publié en 1971 et une recherche plus
récente effectuée en 1998 par Rick Prum a conforté cette théorie.
Elle a montré que les couleurs structurales (dans ce cas-ci, le bleu, présentes dans la zone
spongieuse sont créées par une interférence constructive.
En d'autres mots : l'effet mutuel des différents rayons composant la lumière blanche se
rencontrant dans la zone spongieuse fait émerger une couleur bleue.
Les vacuoles se trouvant dans le medulla de la plume font que cette couleur bleue est répercutée via
le cortex contenant du pigment jaune vers l'extérieur.
La combinaison de la lumière bleue et du colorant jaune dans le cortex font que la couleur
perçue par l'il humain est le vert.
En d'autres mots encore, c'est ici la structure de la plume qui est déterminante dans la couleur finale
de celle-ci.
C'est la raison pour laquelle ces plumes sont qualifiées "de type structural"
Il est intéressant de savoir que quelle que soit la taille des barbes de ces plumes, petites ou
grandes, des barbes peuvent être aussi déterminantes pour la couleur totale de l'oiseau.
Un exemple pratique est livré par les Agapornides.
La couleur extérieures des ailes d'Agapornis personata est d'un vert un rien plus sombre que
celle d'Agapornis nigrigenis.
La forme et la taille des barbes et des barbules est identique chez les deux espèces mais les
barbules des plumes du dos d'Agapornis personata sont complètement noires (remplies d'eumélanine).
Chez l'Agapornis nigrigenis, les mêmes plumes ne sont noires que sur les 3/4 de leur longueur.
Autrement dit , il se trouve moins d'eumélanine dans les barbules des plumes dorsales de
la seconde espèce.
C'est cela qui fait la différence dans la couleur verte.
Autre exemple : différence de couleur entre le plumage ventral et celui de la couverture alaire
chez l'Agapornis fischeri.
On ne trouve dans ce cas ci aussi de l'eumélanine que dans les barbes des plumes de couverture
alaire, pas dans celles des plumes du ventre.
Cela fait que les ailes sont plus foncées que le corps.
La forme des barbes peut aussi différer légèrement.
La forme de la barbe d'une plume structurale des Agapornides fait un peu penser à un canoë.
Il en est autrement chez d'autres espèces, elle peut être plus ovale ou arrondie, le principe
reste toutefois immuable, les plumes sont faites d'un cortex, d'une zone spongieuse et d'une
medulla.
Mais vu que la structure d'une plume et la quantité et la présence de pigments dans les plumes,
le résultat peut différer d'espèce en espèce et le vert des plumes peut être différent.
* b) Plumes du type général
La grande différence avec la plume de type structural réside dans l'absence de zone spongieuse
active et il ne peut dès lors pas se former de couleur structurale dans ce type de plume.
Les différents pigments présents dans les plumes de ce type sont mélangés.
Il peut s'agir aussi bien d'eumélanine, de phaéomélanine, de psittacine ou de caroténoïdes, etc.
Ce type de plume se rencontre principalement chez les Fringillidés mais la Calopsitte élégante
possède des plumes de ce type elle aussi.
Les mélanges locaux de pigments présents définissent alors la couleur.
* c) Plumes d'apparat
Il s'agit en fait d'une variante de la plume de type général à la différence toutefois qu'il n'y a
pas d'eumélanine dans les barbes et les barbules.
Les vacuoles des barbes sont également plus réduites et reflètent dès lors moins de lumière
et il n'y a pas de zone spongieuse.
L'absence d'eumélanine et de zone spongieuse fait qu'on n'assiste pas à la réflexion de la couleur bleue.
Ensuite on remarque qu'il n'y a des barbules qu'à la base jusqu'à mi-distance de la barbe,on
n'en voit pas à l'extrémité de celle-ci.
Ces barbules ne contiennent pas d'eumélanine noire mais un mélange de psittacine jaune et
de psittacine rouge.
En résumé :
Chaque oiseau doit ses couleurs typiques à la composition de son plumage.
Si quelque chose est modifié dans la composition et la quantité des pigments ou dans la structure
des plumes, l'oiseau en est coloré autrement.
Si cette modification est frappée du sceau de l'hérédité, autrement dit si la descendance présente
aussi la modification, on parle alors de mutation.
Dans le cas où le changement n'affecte qu'un seul oiseau et n'est pas héréditaire, il s'agit
d'une déviance individuelle ou d'une modification.
Une mutation peut également affecter la couleur des yeux, des pattes et des ongles.
Chaque mutation est donc la suite d'une déviation héritée résultant en un changement de la
structure de la plume.
Si c'est le cas, la couleur de l'oiseau en question est également modifiée.
On peut maintenant mieux comprendre pourquoi il est de la plus grande importance que les
éleveurs soient au fait de la structure des plumes et des pigments présents.
Sources bibliographiques :
* Brown. R., E., & Felde, M. R. (1993) AIRFLOW SENSORS IN THE AVIAN WING. J Exp Biol,179 (1), 13-30.
* Clark Jr., G. A., & de Cruz, J. B. (1989), Functional interpretation of protruding, filoplumes
in oscines, Condor, 91(4), 962-965.
* Dick. J. (1971), Structure and spectral reflectance of green and blue feathers of the Rose-faced
Lovebird ( Agapornis - roseicollis), Munksgaard.
* Dick. J. (1992), Reflectance spectra of plumage areas colored by green Feather pigments,
The Auk, 293-391.
* Dick. J. (1971), Structure and colour-production of the blue barbs of Agapornis roseicollis
and Cotinga maynana. Cell and Tissue Research.,115(1), 17-29, doi : 10.1007/BF00330211
* Gauthier. J.A., & Padian. K. (1984), Phylogenetic, functional, and aerodynamic analyses of
the origin of bird and their flight, In The Beginnings of Birds proceedings of the international
Archaeopterys conference, Eichstätt (pp.185-197).
* Griffiths. P. J. (1998), The evolution of feathers from dinosaur hair. Gaia, 399-403.
* Imber. M. J. (1971), Filoplumes of petrels and shearwatters. New Zealand J. Mar. Freshw.
Res, 5(3-4), 396-403.
* Prum. R. O., & Brush. A. H. (2002) The Evolutionary Origin And Diverssfication Of Feathers.
The Quarterly Review of Biology, 77(3), 260-295.
* Prum. R. O. Torres, R. H., Willialmson. S., & Dick. J. (1998), Coherent light scarering by blue
Feather barbs. Nature, 396(6706), 28-29. doi : 10. 1038:23838.
* Prum. R., Torres. R., Kovack. C., Williamson. S., & Goodman. S. (1999), Coherent light by
nanostructured collagen arrays in the caruncles of the malagasy asities (Eurymaimidae : aves)
J. Exp Biol, 202(24), 3507-3522.
* Regal.P. J. (1975), The Evolutionary Origin of Feathers, The Quarterly Review of Biology,
50(1), 35.
* Walker. A.D. (1977) Evolution of the peivis in Birds and dinosaurs.
Problems in vertebrate evolution essays presented to Professor TS.Westoll, 319.
* Xu. A., Zheng. x., & You. H.(2009) A new Feather type in a nonavian therotop and the carly
evolution of feathers.
Proceedings of the National Academy of Sciences,106(3), 832-834, doi: 10.1073/pnas. 0810055106.
* Yu. M., Wu. P., Wideliz. R. B., & Chuong. C. (2002), The morphologenesis of fveaathers, Nature,
420(6913), 308-312, doi: 10.1038/ nature 01196.
* Zhang. F., Zhou. Z., Xu. X., Wang. X., & Sullivan. C. (2008), A bizarre Jurassic maniraptoran
from China with elongate ribbon-like feathers Nature, 455(7216), 1105-1108.
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Pièce jointe 108546
La construction de la plume
La kératine est le composant principal de la plume comme de nos ongles, il s'agit donc d'une
matière morte.
Les plumes se développent à partir de l'épiderme.
La base de chaque plume est déjà présente avant que le jeune oiseau ne naisse.
La matière des plumes et les pigments spécifiques sont déjà distribués dans cette première
phase du développement.
N'oublions toutefois pas que la plupart des jeunes de toutes les espèces naissent en portant
un duvet (sauf pour quelques rares exceptions).
Le plumage se développe dans les jours qui suivent la naissance à un rythme propre à chaque
espèces, parfois rapidement, parfois lentement, cela peut prendre plusieurs semaines, c'est selon.
Une fois son développement complet, la plume se ferme et va selon l'espèce et l'usure encourue
tomber et être remplacée une sur deux fois l'an.
Ce processus est bien connu des amateurs, il porte le nom de mue.
Structure de la plume
On recense plusieurs types de plumes chez les oiseaux, les plumes duveteuses ou duvet, les
semi plumes, les filoplumes, les vibrisses et les plumes de contour.
* (1) Duvet
Les oisillons de la plupart des espèces sont dotés de duvet à leur naissance.
Ces plumes duveteuses sont très douces et sont distribuées arbitrairement sur tout le corps.
Elles sont très diversifiées, elles n'ont pas de forme ni de rachis définis à demeure.
Leur tâche principale est d'assurer l'isolation de l'oiseau qui les porte.
Il n'est pas rare que les plumes duveteuses diffèrent au sein d'une même espèce.
Elles n'ont aucune influence ou alors peu, sur la couleur de l'oiseau quoique certains éleveurs
arrivent à reconnaître certaines mutations à la couleur du duvet !
Un certain duvet est qualifié de "poudreux" à cause du fait qu'il laisse échapper de la poudre
de kératine.
Cette poudre est surtout présente chez les Psittacidés et est utilisée par les oiseaux pour
nettoyer leur plumage et le garder imperméable.
* (2) Semi plumes
Les Semi plumes sont plus structurées que les plumes duveteuses, elles ont déjà un rachis
bien visible sur lequel on peut noter diverses barbes.
On n'y trouve toutefois pas de barbule ni de crochet permettant d'obtenir une plume de contour.
Les plumes de ce genre forment conjointement avec le duvet l'isolation due au plumage.
Elles n'ont-elles non plus guère d'influence sur la couleur propre à l'oiseau qui les porte.
* (3) Filoplumes
Les filoplumes sont faites d'un rachis et quelques barbes au sommet.
Elles sont très petites et se trouvent sous ou entre les plumes de contour chez la plupart
des espèces.
Il y a pourtant certaines espèces qui laissent apparaître ces plumes sur le plumage normal :
si c'est le cas, ces plumes se retrouvent le plus souvent sur l'arrière de la tête et sur le dessus,
mais alors dans une moindre mesure.
On les appelle en langue anglaise "Protruding filoplumes" ou "PF", cela n'a pas d'équivalent
en français.
Leur finalité n'est pas encore clairement définie dans l'esprit de beaucoup de chercheurs.
Une possible déclaration pourrait résider dans une liaison entre les follicules des plumes
avec les terminaisons nerveuses et serviraient de senseurs pouvant envoyer des informations
sur la situation des plumes durant le vol vers le cerveau.
Ce dernier recevrait ainsi des données sur l'aérodynamisme et la position des plumes de contour.
D'autres scientifiques voient chez certaines espèces une liaison avec le dimorphisme sexuel.
Ces plumes on clairement moins d'importance pour les aviculteurs spécialisés dans les couleurs
car elles ne jouent aucun rôle sur ce plan.
* (4) Vibrisses
Ces plumes sont le mieux décrites par "plumes en brosse".
Si celles-ci ont des barbes, ces dernières se trouvent toujours à la base de la plume.
On trouve habituellement les vibrisses autour du bec (exemple : la Bondrée apivore - Pernis apivorus)
que l'on rencontre chez nous et qui se nourrit comme son nom l'indique d'hyménoptères pour
l'essentiel et qui complète son menu par de petits reptiles et d'autres insectes.
Ces vibrisses autour du bec serviraient selon certains à protéger l'oiseau durant la capture
d'abeilles ou d'autres insectes dotés d'un dard.
D'autres y ajoutent un surplus de sens tactile.
* (5) Plumes de contour
Les plumes de contour sont celles qui déterminent la plus grande partie du phénotype de chaque
oiseau et c'est cela qui nous intéresse le plus, nous éleveurs !
Elles ont pratiquement toutes la même composition de base.
Pièce jointe 108547
Toutes les plumes de contour ont un périmètre déterminé et permanent et leur "épine dorsale"
est le rachis qui supporte deux vexillums.
La matière de base composant la plume est la kératine, nous l'avons vu plus haut.
Le vexillum est fait de barbes serrées qui sont implantées en deux rangées, à gauche et à
droite sur le rachis.
Chaque barbe supporte à son tour des barbules (radius) qui ont à leur tour des petits crochets.
L'ensemble des barbules et des crochets est appelé "radioli".
Le but principal de ces radiolis est d'agir un peu comme un velcro.
Certains d'entre-vous auront peut être déjà scruté une plume de plus près.
Ils auront remarqué que lorsqu'on dissocie les barbes entre elles, il n'est plus possible de
rétablir la disposition initiale.
Cela est dû à l'endommagement des barbules et des crochets.
Certaines plumes de contour peuvent pourtant différer d'espèce en espèce...
Songez un peu aux magnifiques plumes de la queue du Paon ou à celles de l'Autruche africaine.
Les barbes ne sont pas accrochées ensemble chez cette dernière et les plumes ont un aspect
plus volubile car on n'y trouve ni barbules ni crochets.
Il s'agit plutôt d'exceptions et la majorité des espèces rencontrées en aviculture ont des plumes "normales".
Les plumes de contour sont le réceptacle des pigments.
Les couleurs son typiques à chaque espèces et à chaque mutations.
Il est possible de diviser ensuite les plumes de contour selon leur forme.
C'est ainsi que l'on connaît les Rémiges, les Rectrices, les Tectrices, etc.
Bien que ces plumes se ressemblent apparemment extérieurement, les couleurs mises à part,
indépendamment qu'il s'agisse de rectrices, de rémiges ou de tectrices, elles peuvent être
divisées en trois types différents
1 Plumes de type structural.
2 Plumes de type général.
3 Plumes d'apparat.
* a) Plumage de type structural :
La majorité des plumes de type structural sont soit vertes ou bleues.
Nous rencontrons principalement ces plumes chez les Psittaciformes.
Ici aussi il y a des exceptions pour confirmer la règle, car le Diamant de Gould a des plumes
de ce type.
Si nous coupons la barbe d'une telle plume de couleur verte et que nous l'examinions au
microscope, il nous est permis d'apercevoir trois cercles différents.
La bague externe nommée "Cortex" contient un colorant jaune dans les plumes vertes de type
structural.
Le pigment jaune aperçu dans les plumes des Psittacidés s'appelle "Psittacine".
Chez les autres oiseaux exotiques nous rencontrons un caroténoïde jaune.
Il arrive que les deux pigments soient confondus mais, nous allons voir plus loin que ces deux
colorants sont totalement différents l'un de l'autre.
La zone concentrique suivante en allant vers l'intérieur s'appelle la zone spongieuse.
Il s'agit de kératine incolore faite d'une structure tubulaire très fine, un enchevêtrement de
canaux très étroits analogue à la structure d'une éponge.
La zone médiane nommée "Médulle" renferme des grains d'eumélanine noires et des "Vacuoles"
ou cellules médullaires.
Les grains d'eumélanine noire sont groupés autour des vacuoles.
Je vous entends déjà penser "comment est-ce possible ? - il nous parle d'une plume verte
et nulle part une trace de colorant vert dans le plumage ! ".
C'est pourtant vrai !
La question se pose alors de savoir comment il se fait qu'une plume verte...ou mieux : pourquoi
voyons nous une plume verte ?
La réponse se trouve dans la physique.
Comme nous ne l'ignorons pas, la lumière du jour (incolore) est une combinaison d'ondes
lumineuses de diverses couleurs.
Certains d'entre les amateurs pourront peut-être encore se remémorer les leçons de Physique
durant laquelle un rayon lumineux traversant un prisme, ce dernier "cassait" la lumière et
faisait apparaître le spectre lumineux nous montrant les couleurs qui le composent et qui
confondue donne la lumière "blanche".
Ce sont le rouge, l'orange, le jaune, le vert, le bleu; l'indigo et le violet.
S'y ajoutent encore deux couleurs non discernables par l'il humain, l'infrarouge et l'ultraviolet.
Toutes ces couleurs combinées donnent donc la lumière du jour, chaque couleur ayant évidemment
sa longueur d'ondes différentes des autres.
Que se passe t'il dans le cas d'une plume "verte" du type structural ?
Eh bien, la lumière éclaire les barbes de la plume où elle est partiellement absorbée par les
graines d'eumélanine dans le noyau de chaque barbe.
Une réflexion s'opère dans la zone spongieuse au travers des vacuoles et cela crée une lumière
blanche.
On supposait auparavant que cela se produisait suite à "l'effet Tyndall", mais cette croyance est démodée.
Nous savons maintenant que cette couleur bleue existant dans la zone spongieuse est la résultante
d'une interférence.
Cette théorie due à Ian Dyck, un physicien danois a été publié en 1971 et une recherche plus
récente effectuée en 1998 par Rick Prum a conforté cette théorie.
Elle a montré que les couleurs structurales (dans ce cas-ci, le bleu, présentes dans la zone
spongieuse sont créées par une interférence constructive.
En d'autres mots : l'effet mutuel des différents rayons composant la lumière blanche se
rencontrant dans la zone spongieuse fait émerger une couleur bleue.
Les vacuoles se trouvant dans le medulla de la plume font que cette couleur bleue est répercutée via
le cortex contenant du pigment jaune vers l'extérieur.
La combinaison de la lumière bleue et du colorant jaune dans le cortex font que la couleur
perçue par l'il humain est le vert.
En d'autres mots encore, c'est ici la structure de la plume qui est déterminante dans la couleur finale
de celle-ci.
C'est la raison pour laquelle ces plumes sont qualifiées "de type structural"
Il est intéressant de savoir que quelle que soit la taille des barbes de ces plumes, petites ou
grandes, des barbes peuvent être aussi déterminantes pour la couleur totale de l'oiseau.
Un exemple pratique est livré par les Agapornides.
La couleur extérieures des ailes d'Agapornis personata est d'un vert un rien plus sombre que
celle d'Agapornis nigrigenis.
La forme et la taille des barbes et des barbules est identique chez les deux espèces mais les
barbules des plumes du dos d'Agapornis personata sont complètement noires (remplies d'eumélanine).
Chez l'Agapornis nigrigenis, les mêmes plumes ne sont noires que sur les 3/4 de leur longueur.
Autrement dit , il se trouve moins d'eumélanine dans les barbules des plumes dorsales de
la seconde espèce.
C'est cela qui fait la différence dans la couleur verte.
Autre exemple : différence de couleur entre le plumage ventral et celui de la couverture alaire
chez l'Agapornis fischeri.
On ne trouve dans ce cas ci aussi de l'eumélanine que dans les barbes des plumes de couverture
alaire, pas dans celles des plumes du ventre.
Cela fait que les ailes sont plus foncées que le corps.
La forme des barbes peut aussi différer légèrement.
La forme de la barbe d'une plume structurale des Agapornides fait un peu penser à un canoë.
Il en est autrement chez d'autres espèces, elle peut être plus ovale ou arrondie, le principe
reste toutefois immuable, les plumes sont faites d'un cortex, d'une zone spongieuse et d'une
medulla.
Mais vu que la structure d'une plume et la quantité et la présence de pigments dans les plumes,
le résultat peut différer d'espèce en espèce et le vert des plumes peut être différent.
* b) Plumes du type général
La grande différence avec la plume de type structural réside dans l'absence de zone spongieuse
active et il ne peut dès lors pas se former de couleur structurale dans ce type de plume.
Les différents pigments présents dans les plumes de ce type sont mélangés.
Il peut s'agir aussi bien d'eumélanine, de phaéomélanine, de psittacine ou de caroténoïdes, etc.
Ce type de plume se rencontre principalement chez les Fringillidés mais la Calopsitte élégante
possède des plumes de ce type elle aussi.
Les mélanges locaux de pigments présents définissent alors la couleur.
* c) Plumes d'apparat
Il s'agit en fait d'une variante de la plume de type général à la différence toutefois qu'il n'y a
pas d'eumélanine dans les barbes et les barbules.
Les vacuoles des barbes sont également plus réduites et reflètent dès lors moins de lumière
et il n'y a pas de zone spongieuse.
L'absence d'eumélanine et de zone spongieuse fait qu'on n'assiste pas à la réflexion de la couleur bleue.
Ensuite on remarque qu'il n'y a des barbules qu'à la base jusqu'à mi-distance de la barbe,on
n'en voit pas à l'extrémité de celle-ci.
Ces barbules ne contiennent pas d'eumélanine noire mais un mélange de psittacine jaune et
de psittacine rouge.
En résumé :
Chaque oiseau doit ses couleurs typiques à la composition de son plumage.
Si quelque chose est modifié dans la composition et la quantité des pigments ou dans la structure
des plumes, l'oiseau en est coloré autrement.
Si cette modification est frappée du sceau de l'hérédité, autrement dit si la descendance présente
aussi la modification, on parle alors de mutation.
Dans le cas où le changement n'affecte qu'un seul oiseau et n'est pas héréditaire, il s'agit
d'une déviance individuelle ou d'une modification.
Une mutation peut également affecter la couleur des yeux, des pattes et des ongles.
Chaque mutation est donc la suite d'une déviation héritée résultant en un changement de la
structure de la plume.
Si c'est le cas, la couleur de l'oiseau en question est également modifiée.
On peut maintenant mieux comprendre pourquoi il est de la plus grande importance que les
éleveurs soient au fait de la structure des plumes et des pigments présents.
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